Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

UNS En BENOIT Von EEE LA

A02 LE THÉATRE-FRANÇAIS PENDANT LA RÉVOLUTION

imprimée, — les passages du premier acte qui ont soulevé les plus ardentes protestations de la part d’un nombre infime de spectateurs.

SCÈNE IV LABUSSIÈRE, à Martial.

Ah! vous êtes heureux, vous autres soldats. Vous ne voyez de la Révolution que ses grandeurs et ses vertus! nos armes triomphantes et les aigles royales fuyant partout devant le drapeau tricolore. Retourne à l’armée, va ! C’est là qu’est le pur patriotisme! Tu ne verras ici que de quoi désoler une âme vraiment républicaine comme l’est la tienne!

MARTIAL

Hélas! que tu dis vrai! Jesuis allé àla Convention, j'y ai cherché vainement les grands hommes «le cette Assemblée nationale qui a sapé l’ancien régime, « les héros de la Constituante qui a fondé le nouveau, » les Girondins qui nous ont conquis la liberté; « les Dantonistes qui nous ont conquis la République! » Tous disparus, fugitifs, égorgés! Oùje croyais trouver des législateurs uniquement soucieux du bien public, je n’ai vu que des trembleurs inquiets de leur propre salut, cherchant à se faire oublier par leur silence, ou, par la servilité, à désarmer le petit groupe de despotes audacieux qui les terrorisent!

Je suis allé aux Jacobins, j'y ai entendu le doucereux Couthon réclamer le supplice « des Indulgents » et d’autres forcenés renchérir sur ces insanités sanguinaires, aux applaudissements destribunes gorgées d’eau-de-vie.

J'ai parcouru la ville pleine d’immondices que l’on ne prend plus la peine de ramasser; j'ai vu les passants aller et venir à leurs affaires ou à leurs plaisirs,