Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma
LES DÉBUTS DE LA RÉVOLUTION 33
Cependant une vogue aussi populaire devait soulever et souleva effectivement l'indignation et la cojère des royalistes.
Elles se manifestèrent avec âpreté par un flot d'épigrammes contre Chénier Mans les petits journaux soudoyés par la cour.
Ainsi dans l’un d'eux, un anonyme écrivait : «Onne m'ôtera pas de l'idée que l'enfer s’est rendu chez M. de Chénier, que Pluton dictait, et qu’un diable tenait l’écritoire. »
A ces attaques violentes Chénier répondit, notamment par ce dithyrambe audacieux :
Vieux seigneurs, histrions, courtisanes et prêtres, Contre moi tout s’est déchainé.….
Mais c'était là une coalition impuissante, car le poète avait pour lui tout le peuple, et le peuple en révolution. D'ailleurs la couronne, que lui décernèrent les districts, le consolèrent de ces attaques (1).
Cependant, après 35. représentations qui étaient loin d'avoir épuisé le succès et l'influence attractive de la pièce, on vit, avec surprise, Charles IX disparaître de l'affiche.
Comment expliquer cette interruption évidemment préjudiciable aux intérêts pécuniaires de la Société?
EEE
une somme de 800 livres, montant de ses droits d'auteur pour deux représentations. Le même district adressa un extrait de ses délibérations, en date du 11 janvier 1790, remerciant les Comédiens-Français, au nom des pauvres, pour leur versement d’une somme de 300 livres.
(Archives de la Comédie-Française.)
(1) La réputation de Chénier était établie brillante et durable; aussi un critique écrivait dans le Moniteur du 21 avril 1790 : « Quoi que fasse M. de Chénier, on dira toujours de lui : c'est l'auteur de Charles IX. » D’après la préface, cette pièce aurait
été écrite dès l’année 1788.