Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

44 LE THÉATRE-FRANÇAIS PENDANT LA RÉVOLUTION

Toutefois, au milieu des orages qui troublaient la Comédie-Française, elle ne cessait pas de donner des pièces de circonstance, dont l’accentuation suivait le diapason progressif de la politique.

Ainsi, le 1° janvier 1790, l’affiche annonçait : le Réveil d'Epiménide à Paris ou les Étrennes de la liberté, comédie en un acte, en vers, dont l’auteur, Carbon de Flins, prend bien soin d'indiquer que ceite pièce est le premier ouvrage composé sur la Révolution (1).

Les rôles étaient ainsi distribués :

EPIMÉNIDE, (En costume du siècle de Louis XIV). SAINT-F'AL.

ARISTE. Nauper. JoséPuine, fille d’Ariste. M Perir. D’HarcourrT, son amant. TaLMA.

M°° Brocaure. NE Jorr: GorGi, faiseur de feuilles. Dazincourr. Farras, avocat général. Ducazon.

Joseph de Chénier. De l'imprimerie de Didot jeune; à Paris, chez M. Bossange et Ci, rue des Noyers, n° 33, et à Nantes, chez M. Louis, libraire, rue Louis XVI. Prix : 3 livres 12 sols. — Cependant, l’auteur du Mariage de Figaro fut loin d’approuver la tragédie de Chénier, et on peut voir, dans l'ouvrage de M. de Loménie: Beaumarchais et son temps, t. II, une lettre adressée par Beaumarchais, le 9 novembre 1789, à Florence, semainier de la Comédie-Française, où il manifeste son opinion sur Charles IX : « En ce moment de licence effrénée, « dit-il, où le peuple a beaucoup moins besoin d’être excité « que contenu, ces barbares excès, à quelque parti qu'on les « prête, me semblent dangereux à présenter au peuple, ef « propres à justifier les siens à ses yeux. Plus Charles IX « aura de succès, plus mon observation acquerra de force... « Quel délassement de la scène d’un boulanger innocent, « pendu, décapité, trainé dans les rues par le peuple, il n'y « a pas huit jours, et qui peut se renouveler, que de nous « montrer, au théâtre, Coligny ainsi massacré, décapité, traîné, « par ordre de la cour! Nous avons plus besoin d’être consolés « par le tableau des vertus de nos ancêtres, qu’effrayés par « celui de nos vices et de nos crimes. »

(1) Le Réveil d’'Epiménide à Paris. Comédie en un acte et en vers, par M. de Flins; à Paris, chez M. Maradan, libraire.