Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

54 LE THÉATRE-FRANÇAIS PENDANT LA RÉVOLUTION

Ce jour plus glorieux, plus digne de mémoire, Est l'honneur de l'humanité. Les drapeaux de la liberté,

Flottant autour du trône en rehaussent la gloire; Il s’affermit par l'équité.

Oui, pour mieux commander, l’auguste diadème S’est abaissé devant la loi;

Du prince et des sujets l'intérêt est le même,

La fête d’un grand peuple est celle d’un bon roi.

De tous les oppresseurs ce jour est la défaite.

Rien ne manque à nos vœux : Paris, comme Boston, À dans Bailly, dans Lafayette, Son Franklin et son Washington

La citoyenne Joséphine manifeste aussi ses sentiments patriotiques de la manière suivante :

‘Combien ce jour tardait à mon impatience! Pour empêcher qu'il n'eût quelques retards, J'allai, pendant trois jours, avec un peuple immense, Porter la terre au Champ-de-Mars. Tout le monde y courait, la prude, la coquette, Les bourgeois, les seigneurs, les soldats, les robins; Même les cordons bleus ont trainé la brouette, Et j'ai vu confondus, sans blesser l'étiquette, Les filles et les capueins (1). J'ai perdu, le jour de la pluie, Mon ajustement neuf, mes gazes, mes linons: C’est sans regrets que je les sacrifie; Une Française à la patrie Peut bien immoler tout, tout jusqu’à ses chiffons.

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(1) A l'exposition historique de la Révolution Française, organisée au Louvre, en 1889, un dessin en couleur de Janinet offrait une reproduction pittoresque de cet épisode. On ÿ remarquait, en effet, un groupe, où filles et capucins étaient confondus au Champ-de-Mars, dans les travaux préparant la Fête de la Fédération. Ce dessin avait pour titre : Le peuple travaille au Champ-de-Mars.