Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma
LES DÉBUTS DE LA RÉVOLUTION 55
ARISTE.
De fêtes tout Paris fourmille, La halle, le Pont-Neuf, les Champs-Elyséens. Combien j'aimais à voir danser les citoyens
Sur les débris de la Bastille! Ces prisons, ces cachots qu’habitaient les douleurs, Ont été couronnés de verdure et de fleurs ;
Étonnés d’avoir quelques charmes, Ils n’ont plus entendu que d’amoureux SOUPITS ; Ils ont fait dans ce jour, naitre plus de plaisirs Qu'ils n'avaient en cent ans fait répandre de larmes.
Enthousiasme et patriotisme exaltés, espérances radieuses, tels étaient les sentiments qui vibraient et débordaient alors! Mais ce fut surtout comme un délire universel à cette fête de la Fédération, présidée par Lafayette, là où, suivant l'expression de Michelet, « le cœur de la France battit pour la première fois à l’unisson dans la poitrine de tous les Français ».
« Quipourrait, ditunécrivain de la Gazette nationale, rendre les impressions tantôt douces et attendrissantes, tantôt sublimes et surnaturelles, qui se Succédaient dans toutes les âmes ? »
Enfin Camille Desmoulins, en parlant de cette fête dans son n° 30 des Révolutions de France et de Brabant, s'écriait : « C’est le jour de l’affranchissement de la servitude d'Égypte et du passage de la mer Rouge, c'est le premier jour de l'an I” de la liberté. C’est le jour prédit par le prophète Ezé-
-chiel!..… »
Une aube nouvelle se levait sur la France, l’aube de la liberté, et le théâtre en reflétait avec éclat les rayons.
Le Théâtre-Français, devenu théâtre de la Nation, avait pris ce nouveau titre, pour la première fois,