Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

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aux annonces de spectacles, dans la Gazette nationale du 3 décembre 1789, et il le conserva pendant toute la période révolutionnaire.

IV

Dans les derniers jours de l’année 1789, une dis-

‘cussion s'était élevée à l’Assemblée nationale, au

sujet de l’abrogation de l’édit de 1787 qui excluait les non catholiques de toute fonction publique.

À la séance du 21 décembre, Rœderer s'était exprimé ainsi : « Je réclame pour une classe de citoyens qu'on repousse de tous les emplois de la société, qui à son intérêt et son importance. Je veux parler des comédiens. Je crois qu’il n’y a aucune raison solide, soit en morale, soit en politique, à Opposer à ma réclamation. »

À la séance du 23, M. Clermont-Tonnerre dit : « Je passe aux comédiens. Le préjugé s'établit sur ce qu’ils sont sous la dépendance de l'opinion publique. Cette dépendance fait notre honneur, et les flétrirait! D’honnêtes citoyens peuvent nous présenter sur les théâtres les chefs-d’œuvre de l'esprit humain, des ouvrages remplis de cette saine philosophie qui ainsi placée à la portée de tous les hommes, a préparé avec succès la révolution qui s'opère, et vous leur direz : Vous êtes comédiens du roi, VOUS occupez le théâtre de la Nation, vous êtes infâmes !.… La loi ne doit pas laisser subsister l’infamie. Si les spectacles, au lieu d’être l’école des mœurs, en causent la dépravation, épurez-les, ennoblissez-les et n’avilissez pas les hommes qui exercent des talents estimables.… »