Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma, str. 83
LES DÉBUTS DE LA RÉVOLUTION 7i
tout prêt à donner l'hospitalité la plus empressée aux dissidents.
En effet, le duc d'Orléans (Louis-Philippe-Joseph), ayant, le 18 novembre 1785, succédé au titre de son père, avait fait commencer, en 1786, les travaux d’une vaste salle, située à l'extrémité du Palais-Royal, dans la rue Richelieu, avec l'espoir, non réalisé, d'y faire installer l'Opéra (1).
Au lieu de ce théâtre, ce fut celui des Variétés amusantes qui prit possession de cette salle, inaugurée, le samedi 145 mai 1790, avec les deux pièces suivantes, outre le prologue d’inauguration :
Le Pessimiste ou l'homme mécontent de tout, comédie en un acte et en vers, et le Médecin malgré tout le monde, comédie en trois actes.
A dater de ce jour, les Variétés devinrent le théâtre du Palais-Royal.
La troupe de ce nouveau théâtre, remarquable par son ensemble, jouait principalement des pièces de Dumaniant et de Pigault-Lebrun. Une pièce de Richaud-Martelly : Les deux Figaros, qui ne manquait ni de verve ni d'esprit, y eut un succès prolongé.
Avec sa tendance et sa prétention à un répertoire plus relevé, la troupe avait fait, en 1739, une recrue précieuse, un ancien sociétaire de la Comédie-Française, l’auteur-acteur de talent, Monvel, de retour d’un séjour en Suède, où il avait rempli les fonctions de lecteur du roi. Monvel, de son vrai nom s’appelant Boutet, était le père de M'* Mars, qui fut, pendant de longues années, avec Talma, la gloire du ThéâtreFrançais. La Comédie-Française se trouvait alors exposée à
(1) On prétendit que cette déception, qu’il attribua à MarieAntoinette, ne contribua pas peu à exciter l'hostilité du duc d'Orléans contre la reine,