Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma, str. 87

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LES DÉBUTS DE LA RÉVOLUTION 15

Les principes révolutionnaires qui dominent dans cette tragédie furent salués d’acclamations réitérées, mais cependant à ces mots : « Vivre libre et sans roi... », toutes les loges se levèrent spontanément et lancèrent, comme une énergique protestation, les cris de Vive le roi! étouffant quelques rares applaudissements sous un écrasant enthousiasme royaliste.

Le public, ayant reconnu dans la salle deux députés célèbres, Mirabeau et de Menou, les acclama chaleureusement. A la fin de la pièce, le parterre réclama l’exhibition du buste de Voltaire que les acteurs allèrent chercher dans le grand foyer. On le déposa sur le théâtre, au milieu d’applaudissements et de cris : Vive Voltaire! Deux grenadiers furent préposés à le soutenir sur la scène, en pente, pendant la durée de la seconde pièce, La Feinte par amour, comédie de Dorat.

Un concours encore plus nombreux de spectateurs se pressait dans la salle à la seconde représentation. On avait pris soin de placer, de chaque côté du théâtre, les bustes de Voltaireet de Brutus, pour répondre au désir exprimé par le public.

Au lever du rideau, un papier jeté sur la scène d’une des loges fut ramassé par Vanhove. Il contenait les deux vers suivants, dont l’acteur donna: lecture à haute voix :

O buste révéré de Brutus, d’un grand homme! Transporté dans Paris, tu n’as point quitté Rome.

La représentation fut un peu moins bruyante que la première. À la fin du cinquième acte, les acteurs mirent en action le superbe tableau de David, représentant le corps de Titus porté sur un brancard par