Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma, str. 90

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18 LE THÉATRE-FRANÇAIS PENDANT LA RÉVOLUTION

répond le marquis. Le secrétaire, indigné, déchire la lettre et sort. Le marquis est furieux :

Insolent! malheureux! allons, hors de chez moi; C’est de Londres qu'on tient ces coupables fadaises, On devrait ruiner ces malheureux pays,

Où la canaille à droit de dire son avis.

Son médecin lui ouvre enfin les yeux :

Tout l’État est changé, les hommes sont égaux, Il n’est plus de seigneurs, il n’est plus de vassaux. Les parlements sont morts, le haut clergé de même, L'armée a pris parti pour cette loi suprême. Le roi, d'accord de tout, de nos cœurs s’est saisi, Et c'est un père enfin que nous avons choisi.

LE MARQUIS.

.. Comment? toute la France

S’est conduite, docteur, avec cette imprudence? :

LE MÉDECIN. Oui, Monsieur, les Français sont toujours étourdis.…. Et la chose est vraiment comme je vous le dis.

LE MARQUIS. Mais à ce compte-là, si l’on nous tend des pièges, Nous allons, nous seigneurs, perdre nos privilèges ?

LE MÉDECIN. Ils sont perdus. LE MARQUIS.

Alors que nous reste-til?.….. Rien!

LE MÉDECIN, gravement.

Les droits sacrés de l’homme et ceux du citoyen.

On voit, par ce langage si plein de tendresse pour le chef de la monarchie, que la conversion de Fabre-