Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma, str. 95
LES DÉBUTS DE LA RÉVOLUTION 83
« Rien n’est anéanti, mon père, lui répond M. de Francheville, tout ce qui est respectable est respecté et subsiste: le roi n’a rien perdu de sa puissance, puisqu'il a conservé celle de faire le bien.
« Des juges nouveaux s'élèvent, et leur ministère ne sera plus flétri par ce vil intérêt qui si longtemps en dégrada les fonctions. Le culte est toujours le même, et les abus dont on le dégage ne font pas la religion.
« Ce n’estpas sans cause que lon doit remonter à la source des richesses immenses accumulées par les ministres de cette religion pure, dont le divin auteur vécut et mourut pauvre; et peut-être rappellera-t-on à leur institution primitive ceux que nos préjugés en avaient trop écartés. Je crois qu’on peut trouver étrange l'existence de ces hommes qui promettent à Dieu d’abjurer l'humanité, de vivre et de mourir inutiles à leurs semblables, de contrarier en tout le vœu de la nature, et de renoncer à la société, pour en dévorer la substance. Ceux qui vivent d'abus, je le sais, peuvent craindre de les voir détruits; mais l'esprit qui opérerait de si grands changements ne serait. point un esprit de vertige; cette réforme ne serait point une œuvre de ténèbres ; et l'éternel ennemi des hommes, pour parler votre langage, ne doit pas être soupçonné de leur suggérer ce qui peut les conduire au bonheur. Voilà mon sentiment; s'il vous est étranger, tant pis pour vous. »
Enfin, le but poursuivi par l’auteur, et la thèse qu'il avait entrepris de développer se trouvent résumés dans cette tirade, terminant la pièce, et prononcée par M. de Francheville :
« Venez, mes amis, courons tous aux pieds des autels remercier Dieu qui nous a réunis, ce Dieu de bonté, qui permet que l’on épure enfin son culte des