Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma, str. 96

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abus honteux qui le dégradaient ; ce Dieu qui, pour mieux signaler sa justice, permet quelquefois aux méchants le triomphe d’un jour; mais qui ne souffre pas que nous confondions dans nos jugements sévères l’homme de bien, modèle des vertus, objet de nos respects et de l'honneur de la religion, avec le scélérat qui la trahit, mais sans Jamais l’avilir » (4).

Cette thèse philosophique, reproduction éloquente des idées en fermentation, et d’une actualité saisissante, soulevait chaque soir les transports des spectateurs et était accueillie, on le comprend, par des applaudissements frénétiques. A la première représentation, le public demandant l'auteur à grands cris, Monvel parut sur la scène.

La mort du grand orateur de l’Assemblée nationale, Mirabeau, considérée comme un deuil public, amena, le 2 avril, la fermeture du théâtre de la Nation. Dans son numéro du lendemain, le Journal de Paris l'annonçait ainsi : « Tous les spectacles de la capitale ont-été fermés hier samedi, 2 avril, à l’occasion de la mort de M. de Mirabeau l’aïîné, décédé dans la matinée du même jour. » Il en fut de même le 4, Jour de l’enterrement.

Malgré l’éclatant succès des Viclimes cloîtrées, le théâtre de la Nation ne fut pas sans ressentir le coup sensible que lui portait la perte d'acteurs distingués, allant porter une force nouvelle à la concurrence s’élevant contre lui.

Assurément, sa prééminence dans la comédie était toujours établie par une pléiade de talents comprenant : Molé, Fleury, Dazincourt, Mie Contat, Devienne et Joly. Mais Talma, M" Vestris, Me Des-

1) Il n'y a pas bien des années que ce drame figurait encore dans le répertoire des pièces jouées sur les scènes de province.

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