Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma, str. 97
LES DÉBUTS DE LA RÉVOLUTION
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garcins contrebalançaient, dans le genre tragique, cette supériorité.
Les rares qualités dramatiques de Monvel, sa remarquable aptitude a soulever l'émotion populaire et à faire vibrer la corde pathétique, leur fournissaient encore un précieux auxiliaire. À Dugazon et Grandménil, formant la tête de la troupe comique, était venu se joindre Michot, acteur du théâtre du Palais-Royal, qui sut se faire apprécier.
Chénier, que nous avons vu s'associer à cette scission, dont Charles IX avait été l’origine, se trouva, tout naturellement, désigné pour les honneurs de l’ouverture. Ce fut, en effet, avec une pièce de lui, retirée du théâtre dela Nation, où elle avait été reçue, apprise et répétée, pour la donner à ses rivaux, que se fit l'inauguration du Théâtre-Français de la rue Richelieu, car telle fut la nouvelle dénomination prise par la salle du Palais-Royal (1).
Henry VIII tragédie en cinq actes de Chénier et l'Epreuve nouvelle, formaient le spectacle de ce grand jour, le 27 avril 1791 (2).
Le rôle de Henry VIII était joué par Talma, celui de Crammer par Monvel, Anne de Boulen était représentée par M°° Vestris, etla sensible et tendre Jeanne Seymour avait M! Desgarcins pour interprète.
L'intérêt de cette solennité dramatique avait été puissamment avivé par les discussions, les conflits, les luttes si animées qui, depuis plusieurs mois, lui servaient de prélude et agitaient les esprits au plus haut degré. Evidemment, les deux partis opposés allaient se retrouver en présence, avec leur ardente
(1) La 1'° représentation de Henri VIII, au théâtre de la Nation, avait été annoncée pendant un mois dansles journaux.
(2) Au nouveau théâtre, on décida que les femmes seraient admises au parterre, mesure qui, jusque-là, n'avait été adoptée sur aucun grand théâtre. C'était manifester une rupture avec l’aristocratie. (Atmanach…... de FRouLLÉ. Année 1792.)