Le traitement des prisonniers et des blessés par les Austro-Germano-Bulgares : résultats de l'enquête exécutée sur le front de Salonique

De plus, je n'ai jamais vu sur ce front des prisonniers bulgares, allemands où austro-hongrois employés à des travaux en relation directe avec les opérations mêmes. Ils ont été occupés aux routes et à l'arrière, mais ils n’ont jamais creusé de {tranchées et de tunnels sur les positions mêmes. Quelques prisonniers de guerre ont été tués à l'arrière, à Salonique par exemple, par des bombes d'avions ennemis, mais l’artillerie des Bulgaro-Allemands et encore moins leur infanterie, n'a pas fait de ravages dans les rangs des prisonniers comme ce fut-le cas sur les positions autrichiennes. Les Alliés de l’Entente n’ont jamais fait collaborer leurs prisonniers aux combats proprement dits.

Ce qui aggrave encore la violation commise par les troupes de Charles II, c’est qu'on à fait venir exprès ces prisonniers des camps de Heinrichsgrün, etc. Utiliser les prisonniers qu'on vient de faire pour exécuter sur place des travaux en relation directe avec le combat est déjà une faute grave, mais, tout en ne l’exceusant pas, on peut trouver une certaine atténualion à celte faute dans l'ardeur de la bataille et dans la position crilique éventuelle dans laquelle serait la troupe fautive. Mais amener de sang-froid des prisonniers de guerre en première ligne pour les utiliser sous le feu ennemi comme ses propres soldats, cela dépasse tout ce qu'on peut imaginer. C'est le digne pendant des « boucliers » faits par les Allemands (et d’ailleurs aussi par les AustroHongrois en Serbie) avec les femmes, les enfants et les vieillards. C’est un crime et une lâcheté en même temps !

Aux yeux des Austro-Hongrois, l'emploi d>s prisonniers de guerre dans la zone du feu a évidemment un double avantage. Ils économisent ainsi la vie de leurs propres hommes tout en ayant Îa main-d'œuvre en quantité suffisante, et ils se débarrassent en même temps d'un grand nombre de prisonniers qu'ils n'auront

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