Le traitement des prisonniers et des blessés par les Austro-Germano-Bulgares : résultats de l'enquête exécutée sur le front de Salonique

malgré les difficultés et lé danger d'une telle action, de Macédoniens qui viennent rejoindre les Serbes et qui, avec joie, reprennent le fusil serbe pour tirer sur les Bulgares? |

Nous savons aussi que les Macédoniens sujets serbes, que les Bulgares voudraient faire passer pour des enthousiastes de la cause bulgare, sont terriblement suspects à ces derniers. De très nombreuses dépositions, contenues dans mon dossier d'enquête, constatent ce fait. Les Bulgares se méfient de ces « patriotes macédoniens », d’après les dires mêmes: de leurs propres soldats de Bulgarie, et leurs alliés allemands sont chargés de mitrailler les Macédoniens qui lâchent pied et qui désertent. Cette méfiance va Jusqu'à envoyer les Macédoniens aux endroits les plus périlleux pour leur enlever la possibilité de se rendre à l'adversaire et pour les faire hacher par sa mitraille. Agit-on ainsi avec des gens qui, volontairement, se sont joints à vouspour vous aider?

L'action des Bulgares d’enrôler dans leur armée les prisonniers macédoniens, sujets serbes, est inexcusable et abominable. Les Bulgares le savent. Un officier bulgare sincère, dont je dois taire le nom pour le moment à cause des représailles immanquables qu’on ferait subir à sa famille, me l’a confirmé dans ces termes : « On sait très bien en Bulgarie que le recrutement en pays occupé et celui des prisonniers fait une très mauvaise impression dans le monde, mais on y a recours tout de même à cause du manque d'hommes pour compléter les unités. Ce recrutement était d’ailleurs conseillé par les Allemands. » Il aurait pu ajouter encore que, dans la pensée des dirigeants de Sofia, ce recrutement inoui devait aussi aider à la démoralisation de la vaillante population serbe, qui endure héroïquement les pires souffrances en ayant constamment tourné les yeux vers Salonique d’où viendront, bientôt espérons-le, leurs frères pour les

délivrer.

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