Le traitement des prisonniers et des blessés par les Austro-Germano-Bulgares : résultats de l'enquête exécutée sur le front de Salonique
III. — Dépositions des prisonniers bulgares et l’ordre de massacrer les prisonniers et les blessés.
Au cours de mon enquête j'ai interrogé un grand nombre de prisonniers bulgares et allemands, surtout bulgares. L'expérience m'a montré qu'il faut diviser ces prisonniers en trois catégories : 1° ceux qui ne disent rien ou nient tout: 2 ceux qui se contentent de dire des choses qui ne peuvent pas les compromettre: 3° ceux qui avouent.
L’attitude du premier groupe peut avoir son origine dans un sentiment noble : les prisonniers ne veulent rien dire qui puisse compromettre où diminuer leur pays. Cependant la plupart du temps, surtout chez les Bulgares, cette retenue a pour cause un sentiment beaucoup moins généreux : la peur. Ces gens-là ont peur que leurs ennemis se vengent sur eux et, pour éviter cette vengeance, ils essaient, puérilement quelquefois, de faire croire à leur correction propre absolue et à celle de
leurs conationaux. Les Bulgares sont très sauvages, cruels
et vindicatifset, suivant la mentalité des gens de cette sorte, ils supposent que ces mêmes défauts existent aussi chez leurs adversaires. Combien de fois au cours de cette guerre n’ai-je pas eu l'occasion d'observer J’étonnement des prisonniers bulgares, et aussi allemands, d'être bien traités par les Serbes auxquels ils ont fait tant de mal? Beaucoup de ces gens-là dissimulent donc la vérité par peur, parfois aussi par honte. Quelques-uns
— 66—