Le traitement des prisonniers et des blessés par les Austro-Germano-Bulgares : résultats de l'enquête exécutée sur le front de Salonique
naturellement sont sincères. Ils n’ont rien vu ou, plutôt, ils n’ont rien su voir.
Le second groupe est composé par les prudents qui ne veulent pas se compromettre. Leur attitude est naturelle.
Enfin, en ce qui concerne le troisième groupe, on pourra m'objecter que les témoins inventent pour se faire bien voir par l’adversaire. Certes, je ne nie nullement qu'il puisse y avoir des prisonniers qui altèrent pour ce motif la vérité. Mais en sachant interroger les prisonniers avec patience et prudence, en comparant ensemble les dépositions de gens qui ne peuvent pas se concerter préalablement, en les contrôlant avec le témoignage d’autres témoins on arrive, cependant, à connaitre la vérité. Pour mes investigations J'ai procédé de cette manière et je ne publierai que des témoignages que j'ai pu contrôler d’une façon ou d’une autre. Toutefois il faut ajouter encore que ces prisonniers, par leurs aveux, se chargent eux-mêmes et leurs conationaux, pendant qu'une prudente réserve ne leur aurait certainement pas nui.
Examinons quelques dépositions de la première catégorie. Je ne publierai pas les noms des prisonniers, que je remplace par des numéros, et cela par crainte des représailles que les Bulgares sont capables d'exercer sur les parents de ces prisonniers ou sur les témoins mêmes lors de leur rentrée dans leur pays. Les noms des témoins sont déposés dans le rapport que j'adresserai au gouvernement royal serbe à la fin des hostilités.
No 4, du 43e régiment d'infanterie bulgare : « On nous instruit que les prisonniers doivent être traités en frères. J’ai vu trois prisonniers auxquels les soldats donnaient amicalement de la nourriture. »
Ne 2, capitaine au 40€ régiment d'infanterie bulqare :