Le traitement des prisonniers et des blessés par les Austro-Germano-Bulgares : résultats de l'enquête exécutée sur le front de Salonique
commandé cette tuerie. A retenir aussi l’aveu de ce Bulgare, que les soldats ont dévalisé les cadavres des victimes. « Quand on trouve de l’argent, pourquoi ne
faudrait-il pas le-prendre? » me répond-il tout étonné
lorsque je le rends attentif à l’indignité de cette facon d'agir. En ce qui concerne les deux interrogatoires de ce témoin on aura constaté que, à part un détail (l'envoi des deux bataillons du 45e régiment), qui d’ailleurs peut aisément s'expliquer, le premier interrogatoire concorde parfaitement avec le second, plus détaillé et fait par moi au cours de mon enquête. Le témoin N° 27 nous parle des cruautés commises par le 5e régiment de la division de Sofia. Il dit que, officiellement, on n’a pas ordonné de tuer les prisonniers, « mais on le faisait toujours ». Il nous répète aussi la phrase fatidique : « Menez les prisonniers à Sofia en une demiheure », phrase que nous avons trouvée déjà à maintes reprises et qui signifiait la condamnation à mort des malheureux. Le témoin N° 28, après avoir nié d’abord, avoue finalement que des camarades lui ont dit qu'il existait un ordre général de tuer les prisonniers, mais cet ordre aurait été révoqué. Les Nos 29 et 30 citent des exemples d'officiers, avec indication de leur nom, qui ont commandé les massacres des prisonniers. Le No 29 insinue que la cause de cet ordre barbare fut la vengeance. Enfin le prisonnier 33 est très net dans ses déclarations. L'ordre de tuer les prisonniers existait vraiment en - 1946 et 1917. Il a été rapporté en 1918. La déposition de ce témoin tombe donc d'accord avec celle du N° 28. La révocation de cet ordre est très plausible. En effet, au commencement de la guerre les Bulgares se croyaient vainqueurs définitifs et, comme tels, ils estimaient que tout leur était permis. On pardonne tout au vainqueur! Mais, en 4918, la situation avait changé. Les gens du Cobourg n'étaient plus aussi sûrs de la victoire et ils ont pensé à se ménager l'opinion publique fortement
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