Lepeletier de Saint-Fargeau et son meurtrier : documents inédits
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de dérober son auteur au glaive des lois. Ainsi le parricide Pâris, fuyant l'inexorable arret qui poursuit et atteindra sa tête, va éprouver le supplice de Cain, digne chatiment du plus grand crime que le royalisme puisse méditer dans ses fureurs.
Une main célèbre devait travailler à immortaliser le souvenir du député de l'Yonne. Le futur peintre de la mort de Marat et du sacre de l'empereur, David, prit la parole, Le 29 mars, à la Convention nationale, pour lui offrir un tableau allégorique représentant Lepeletier au lit de mort, un glaive dégouttant de sang suspendu par un cheveu au-dessus de lui, et dans les nues la couronne de l’immortalité. On décréta immédiatement que le tableau serait gravé aux frais de la république, qu'un exemplaire en serait envoyé à chaque administration de département et présenté à tous les députés des pays libres qui viendraient solliciter leur incorporation à la France*. »
La fille de Lepeletier fut adoptée au nom de la patrie, et la Convention ordonna l’exécution d’un monument de marbre représentant le lit funéraire tel qu'on l'avait dressé à la place des Piques. Rien de ce qu’une nalion pouvait faire pour honorer la mémoire d’un citoyen ne fut oublié. Une rue de Paris reçut le nom de la victime. Les villes, les particuliers s’associèrent à ces marques de regret; des cérémonies funèbres se célébrèrent en divers lieux de la Frauce. Le 1* frimaire an Il, la commune de Saint-Fargeau décida qu’elle changerait son nom en celui de Lepeletier, et je rencontre au Moniteur du 5 février 1793, sous la rubrique « Commune de Paris, » la note suivante :
« Un citoyen qui porte le nom de Päris vient d'être nommé par le
1 La Bibliothèque nationale possède plusieurs pièces devenues d'autant plus précieuses que le tableau original, acheté par la famille du mort (OEuvres de Lepeletier Saint-Fargeau, p. 448), aurait, dit-on, péri, il y a quelques années, dans un incendie parliel du château de Saint-Fargeau. Ces pièces sont :
4° Une étude faite au crayon noir par David et terminée par Meynier de la tête de Lepeletier mort.
2% Une gravure de cette étude portant inscrite, aux quatres angies, ces mots : M. LEPELLETIER — PREMIER — MARTIR — DE LA LIBERTE. (Collection Hennin.)
3 La partie inférieure d’une épreuve déchirée de la gravure commencée par Tardieu, d'après le tableau de David. Le cadavre y figure à demi nu, la blessure découverte, sur le lit de parade. Au-dessus, la pointe de l’épée suspendue et dégonttante de sang. Tout le haut de la composition manque dans ce fragment qui paraît unique. (Recueil intitulé: Graveurs de diverses écoles, t. \.) «
La têle de Lepeletier est tout idéalisée dans cette pièce. Un véritable portrait au pastel, signé à l'encre : David, et qui se trouve à la Réserve du département des estampes, reproduit avec vérité la physionomie assez étrange et le profil singulièrement proéminent du député de l'Yonne.
2 De 1795 à 1806, la rue Michel-Lecomte fut appelée rue Michel-Lepeletier.