Lepeletier de Saint-Fargeau et son meurtrier : documents inédits
12 LEPELETIER DE SAINT-FARGEAU
Conseil exécutif pour une mission dans la Belgique. Il s'adresse au Conseil général, demande à changer de nom, attendu la conformité du sien avec le scélérat Pâris, qui a assassiné le citoyen Pelletier Saint-Fargeau, et déclare qu’il désire porter désormais le nom de Fabricius. Le Conseil général l’autorise à prendre le nom de Fabricius, et à faire faire la mention de ce changement sur tousles registres et actes publics qui peuvent concerner sa famille‘. »
Le théâtre ne pouvait manquer d'exploiter l'événement du jour. Le 2 mars 1795, le Moniteur rend longuement compte d’une pièce donnée au Théâtre italien sous le titre de Pelletier Saint-Fargeau, ou le premier martyr de la République française. L’assassinat, les funérailles, l’apothéose de la victime, l’adoption de sa fille y étaient représentés, et la première de ces scènes servit de cadre à un intermêde musical écrit pour Elleviou. C'était 1 le succès du moment.
Tels sont les principaux témoignages de l'émotion causée par la mort d’un citoyen évidemment conduit, dans certains actes de sa vie, par des inspirations généreuses, mais qui ne sut point rester sans crainte, incapable d’égaler, à l'heure de l'épreuve, l’honnête homme au cœur inébranlable dont parle Horace, et que les injonctions de la foule irritée ne sauraient émouvoir.
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Cependant l'assassin de Lepeletier n’avait pas encore été saisi. « Deux fois, ce malin, on l’a cru arrêté, avait dit le ministre de la justice; mais les renseignements que l’on a à cet égard ne sont pas certains. » On tenait pour indubitable qu’il était entouré de complices. L'un des collègues de Lepeletier pour le département de l'Yonne, le citoyen Maure, avait déclaré à la tribune que six individus accompagnaient l'assassin au moment du crime, et qu'ils l’avaient aidé à s'évader.
L’attente de la répression en était rendue plus fiévreuse. Prévenant la transmission un peu lente des dépêches officielles lancées de toutes parts, les journaux avaient porté dans les départements la sinistre nouvelle, et fait connaître le nom, la condition, le signalement du coupable. Le public s’associait aux efforts faits pour le
1 Une estampe, gravée par Cazenave d'après Bouillon, et qui représente MarieAntoinette devant le tribunal révolutionnaire, porte dans un index détaché les noms des personnages qui y figurent. J'y vois, sous le n° 4, Pris, dit Fabricius, greffier. (Bibl. nat., Départ. des Estampes, Hist. de France, 1193.) Peut-être s’agil-il là du personnage mentionné dans l’article du Moniteur.