Lepeletier de Saint-Fargeau et son meurtrier : documents inédits

ET SON MEURTRIER. 15 celle des habitants, les bruits se répandent que les mal intentionnés des paroisses voisines vont se porter sur notre commune pour expulser par la force ces paisibles étrangers, de pareils bruits attristent generalement nos habitants et les ont excité à nous engager de vous faire nos reclamations, plusieurs ont deja eue la disgrace de voir partir des hôtes qui les allimentoient et ce parce qu'ils etoient effrayé du danger dont on les menacoient.

Il ya plus les habitants de cette commune qui de tout temps sont habitués aux halles de Gaillefontaine, Argueïl et Neufchatel y Eprouvent maintenant les plus grandes difficultés. Plusieurs ont été contraints de revenir sans avoir pu acheter du bled par les oppositions qu'ils ont éprouvés sous le pretexte que ce bled est pour nourrir les aristocrates qui seroient en cette paroisse. Sous ce faux prétexte Les habitant et les Etrangers ont deja plusieurs fois manqué de pain depuis trois semaines, ces mauvais procédés ont force plusieurs habitants qui ne pouvoient plus Resister, aux cris redoublés de Leur nombreuse famille, de parcourir quelques fermes circonvoisines pour sen procurer, tandis que sous les yeux de nos Paroissiens ont fait délivrer aux habitants ou sont les halles autant de bled qu'ils en ont besoin.

Le «repair» d’aristocrates dont s'irritaient les communes voisines abritait une soixantaine de baigneurs, ou plutôt de « buveurs d’eau, » suivant l'expression du pays. Des femmes, des enfants, ajoutent les requérants, formaient la presque totalité de ce groupe d'étrangers, qui, cette année même, avait remis, selon sa coutume, au corps municipal plus de 1,500 livres pour les indigents.

Un fait inattendu devait bientôt relever, aux yeux des patrioles, les habitants de Forges.

Le soir du 28 janvier, un inconnu arriva dans le bourg et descendit dans une petite auberge. Il portait des armes qu'il laissa voir, et se servit pour souper d’un couteau, en forme de poignard, renfermé dans sa canne. « Voulant sans doute, dit le Journal de Prudhomme, éloigner de lui le remords, il but à son repas d'une manière immodérée; alors des propos indiscrets lui échappèrent et donnèrent de violents soupçons contre sa personne. On remarqua que lorsqu'il fut renfermé dans sa chambre, il s’y promenoit avec l’air égaré et inquiet. Il se meltoit à genoux et baisoit à plusieurs reprises sa main droite. Les citoyens témoins de ces extravagances les attribuèrent à l’état d'ivresse dans lequel il se trouvoit. Le lendemain malin, le citoyen Auguste, qui, la veille, l’avoit vu dans l'auberge où il étoit descendu, et auquel il avoit paru très-suspect, vint le dénoncer à la municipalité, mais sans se douter que ce püût être Pâris, son signalement n'étant pas encore connu officiellement dans cette commune, et n'y étant connu que par la voie des journaux‘. »

! Auguste était « un simple marchand de peaux de lapin, » dit Tallien dans