Lepeletier de Saint-Fargeau et son meurtrier : documents inédits
14 LEPELETIER DE SAINT-FARGEAU
léans et mère du roi Louis-Philippe; le maréchal de Bassompierre, madame de Sévigné, Buffon, voilà quelques-uns des grands personnages que signale avec orgueil l'histoire locale.
La joie ne fut donc peut-être pas aussi universelle que l’affirme la pièce suivante, lorsque les habitants de Forges apprirent, avec la chute de la royauté, qu’ils devaient, selon toute apparence, renoncer à revoir les nobles visiteurs qui répandaient tant d'argent dans le
pays.
« Gejourd'huy 30 septembre 1792, — dit un procès-verbal que je copie scrupuleusement dans un registre nouvellement découvert de la municipalité de Forges ! — cejourd’huy 30 septembre 1792, l'assemblée s’étant formée où étaient les citoyens maire, Jacques Le Marchand, Charles Poullain officiers municipaux, Jean Corroyer, Antoine Behains notables, la garde nationale étant assemblée au son de la caise, lesquels avaient demandé à prester le nouveau serment decreté le 15 aoust dernier, se sont présenté en corps et ont collectivement ainsi qu’il suit et se rendant de suite à l'église sur deux colonnes précédé de la municipalité avec le drapeau fédératif du 14 juillet 1790 de l'établissement de la garde nationale…... juré d'etre fidel à la republique, de maintenir de tout leur pouvoir la liberté et legalité ou de mourir a leur poste en la deffendant, le inème enthousiasme ayant passé dans le cœur des citoyennes femmes et filles ont aussi requis le conseil de la commune de Recevoir leur serment, sitot le citoyen maire ayant prononcé à haute voye la formule cidessus ont en défilant devant la municipalité repeté je le jure et ensuite a été déposé aux voutes de l’église le drapeau federatif. fait et arreté l'an et jour susdit En l'assemblée permanente du conseil general de la commune. »
Peu de jours après, les habitants de Forges devaient être mal payés de leur enthousiasme. Leur conseil général écrit, le 16 octobre, aux citoyens administrateurs du département de la Seine-Inférieure, pour implorer leur protection :
« Citoyens administrateurs,
« Le Conseil général de la commune de Forges en permanence, informé que des communes voisines se seroient permis de vous adresser une pêtition dans laquelle elles s'efforcent de nous peindre sous les traits odieux de l’incivisme et comme guidés par un esprit opposé au maintient de la république parce que, diseni-elles, Forges seroit un repair d’aristocrates Étrangers favorisés par les habitants. nous ne pouvons vous laisser ignorer citoyens que ces bruits saccreditent de plus en plus, que les agitateurs menacent encore non seulement la tranquillité des etrangers mais encore
‘ La découverte de ce registre, qui va du 20 septembre 1188 au 6 nivôse an I, est due à un habitant de Forges, M. Lefèvre, membre du conseil municipal, vieillard aimable et instruit qui a bien voulu me faire connaître plus d'un fait relatif à l’histoire du lieu pendant la période révolutionnaire.
4