Lepeletier de Saint-Fargeau et son meurtrier : documents inédits

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damné par des juges venus de Rouen avec l'instrument du supplice, et décapité de nuit, à la lueur des flambeaux.

Ce fut ainsi que la commune de Forges fournit son contingent à la liste de ceux qui périrent au temps de la Révolution, liste qui, pour 659 nobles exécutés dans ces terribles jours, compte, d’après les relevés de Prudhomme, plus de 6,000 victimes appartenant aux plus humbles classes roturières.

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À ceux qui lui reprochaient de s'être jeté dans le parti démagogique, Lepeletier de Saint-Fargeau disait que, dans sa condition, il fallait être à Coblentz ox au faîte de la Montagne. Celui qui désire étudier avec quelque certitude notre histoire d'alors doit se placer entre ces deux extrêmes, demandant à la fois aux écrits des parlis opposés ses éléments d'information; mais quelque soin que j'aie apporté dans l’étude du double drame qui fait le principal sujet de cet article, je n'en ai pu trouver le récit et l'appréciation que dans les écrits révolutionnaires. Il n’eût pourtant pas été sans intérêt de voir comment les journaux, les opuscules français imprimés à Londres et à Coblentz avaient jugé la conduite de Lepeletier, la rapide et terrible punition de son vote. Peut-être leur appréciation du caractère de la victime, des mobiles qui l'avaient dirigé, eût-elle jeté quelque lumière sur un épisole connu seulement pour nous par les acles violents qui le signalèrent.

Celle pénurie de documents cesse après le temps de la Terreur; mais, si nombreuses que deviennent alors les pièces d'origine royaliste, on me permettra de joindre ici quelques vers, d’une forme assez curieuse, écrits au temps du Directoire, et qui ne me sont connus que par une ancienne copie.

Très-probablement inédite, cette pièce, qu’on se passait de main en main, est composée sur un type aujourd'hui passé de mode, mais fort en usage au seizième siècle, et au sujet duquel Étienne Tabou rot s'exprime ainsi! : « Ayant parlé de ces vers léonins, qui au milieu se riment, je parlerai des vers couppez, qui se font si genlillement, que, ne lisant que la moilié du vers, vous trouverez de petits vers françois de quatre ou six syllabes qui se riment par le milieu du vers, et le plus souvent contiennent le contraire de ce qui est imprimé au vers entier. J'en ay veu plusieurs de scandaleux et sédilieux de tous lesquels j’ay choisi ce suivant pour exemple, duquel je

! Les bigarrures el louches du seigneur des Accords, ch. xur, Paris, 156° in-8".