Lepeletier de Saint-Fargeau et son meurtrier : documents inédits
LEPELETIER DE SAINT-FARGEAU
ET SON MEURTRIER
DOCUMENTS INÉDITS
Le sort de Louis XVI allait s’accomplir. Sa famille, ses amis faisaient appel aux membres de la Convention, s’efforçant de les émouvoir et de soustraire le malheureux prince à la mort qui le menaçait. « Quant à moi, écrit dans ses mémoires le comte de Provence, quant à moi qui savais jusqu’à quel point pouvait se porter la rage révolutionnaire, j'étais désespéré; je le fus plus encore en recevant de Boissy d’Anglas des détails sur ce qui se passait. Les voici : « Le parti ennemi de la famille royale vient de l’emporter : on va mettre aux voix l'accusation de Louis XVI, et elle sera admise. On espère effrayer les souverains et les amener à traiter promptement avec la République en garantissant son existence... N’espérez pas que les honnètes gens se soulèvent ; ils gémiront, pleureront et se tiendront tranquilles. Je suis sûr de Manuel, je crois pouvoir l’être de Peletier Saint-Fargeau ; celui-ci nous procurera une trentaine de voix. >
Ce n’était pas sans quelque raison que l’on pouvait concevoir cette espérance, Député de Paris aux États généraux de 1789, pour l’ordre de la noblesse, Lepeletier de Saint-Fargeau s'était d’abord montré fort opposé aux idées nouvelles, il était demeuré des derniers dans le nombre des députés nobles qui refusèrent de se réunir au tiers élal, et avait, dit-on, signé, le 3 juillet, une protestation contre ce qui s'était passé dans cette réunion.
Sa conduite, il est vrai, avait depuis changé et on l’avait vu, avec étonnement, incliner vers les principes de la Révolution: mais il s’élait vivement prononcé, comme rapporteur des comités de consti-