Les complots militaires sous la Restauration, d'après les documents des archives

LES PROSCRITS DE LA RESTAURATION 341

pour se remettre au travail dans sa retraite de Méthana, qu'il avait appelée Tactipolis, et à laquelle les Grecs donnèrent son nom Fabvieropolis. Il n’en sortit que lorsque l'indépendance de la Grèce fut proclamée, et il revint en France sans avoir voulu accepter ni grade ni récompense, mais il laissait làbas un souvenir que la Grèce a conservé. « Ceux qui ont le culte de la patrie apprendront avec une surprise mêlée de joie que le nom de Fabvier se prononce encore, dans la langue d'Homère, au pied du Taygète et du Parnasse (1). »

Pour les proscrits restés à Londres, la détresse était venue. 20.000 francs envoyés par Lafayette, et recueillis par lui dans le cours du voyage triomphal qu'il venait de faire aux États-Unis (1824-1825), avaient rapidement disparu. L’Angleterre se montrait volontiers libérale envers les réfugiés d'Italie et d’Espagne, et leur dispensait quelques subsides. Aux

nôtres, elle n’accordait que le sol. Il est vrai que les

(x) A. Mezières, le Général Fabvier en Grèce. Nancy, 1858, in-8° (24 pages).

Fabvier rentra en France pour assister aux journées de Juillet. Nommé maréchal de camp, le 4 août, il fut chargé du gouvernement de Paris jusqu’en 1831. Général de division en 1839, pair en 1845, député de la Meurthe en 1849, il mourut trop oublié en 1855, à 73 ans.

Il fut pleuré par les Grecs comme un compatriote. En apprenant sa mort, tous les corps de l'Etat, le conseil des ministres, les députés, la municipalité d'Athènes envoyèrent des adresses à sa veuve, L'armée porta le deuil pendant trois jours.