Les états généraux en France

LES ÉTATS GÉNÉRAUX EN FRANCE. 875

aux notables assemblés à Rouen qu’il vient « se mettre en tutelle entre leurs mains, envie qui ne prend guère aux rois, aux barbes grises et aux victorieux. » Mais, que cette envie füt alors réelle ou feinte, il est certain qu’elle ne dura pas. Il faut reconnaître que si Henri IV éprouva pour ses sujets la « violente amour » qu’il leur à déclarée, ce ne fut pas en prenant l’habitude de les consulter qu’il la leur témoigna. On sait le cas qu’il fit des délibérations des notables, et même la petite comédie que, de l’avis de Sully, il joua pour se débarrasser de leur « tutelle, » sous laquelle il avait fait mine de vouloir se mettre. Vainement est-il déclaré que cette assemblée de notables aura mêmes droïts que celle des États Généraux ; vainement le roi s’engage-t-il d'avance à se soumettre à ses décisions ; vainement l'assemblée, comptant là-dessus, et dépassant sur ce point les habitudes :et aussi les droits — il faut le dire = des États Généraux eux-mêmes, procède-t-elle par voie, non de remontrances ou de conseils, mais de décisions exécutoires contre lesquelles il ne paraît pas d’ailleurs que la couronne aït alors protesté, — rien ne devait aboutir des efforts faits alors par les notables pour associer réellement la nation au gouvernement du pays, ne fût-ce qu'en matière de finances. Henri IV lui-même régnait, et ce roi bonhomme, mais fin entre tous, se prêtant à la manœuvre, les membres du Conseil de raison institué par les notables pour s'entendre, en leur nom, avec la royauté, s’aperçoivent que la tâche acceptée par eux est audessus de leurs forces et de leurs moyens. Les commissaires nommés à Rouen pour veiller, après la séparation des députés, aux réformes indiquées par eux, reconnaissent vite leur Impuissance, si bien prévue et peut-être si bien favorisée par Sully. Comme avaient fait, sous Louis XI, les députés de Tours, ils abdiquent, et ce n’est pas tout. Comme eux, ils en viennent à prier le roi de consentir, dans l'intérêt de l’État, à les décharger de leur mission. Le roi « fit quelque difficulté, alléguant l’unanime volonté des notables : mais! ce n’était que pour faire valoir sa marchandise. En réalité, il accueillait avec joie l’abdication d’un Conseil qui avait voulu partager avec lui l'administration du royaume. » L'histoire dit auss: que si les notables assemblés à Rouen montrèrent de l’inexpérience, «ils étaient tous également dévoués au bien public et au roi + ils ne voulaient pas réduire sa puissance, mais le défendre contre les abus. » Preuve convaincante, ‘et à noter tristement entre toutes, de la difficulté qui s’attache aux meilleures réformes, quand les abus sont enracinés. Les notables de Rouen ne sont pas les premiers venus; ce ne sont pas des factieux, et le roi auquel ils ont affaire s'appelle Henri IV! Nonobstant, tout échoue; d'amis qu’an était la veille, on