Les états généraux en France

874 LES-ÉTATS GÉNÉRAUX EN FRANCE.

mode de votation ne fut pas plus régulier que ne l’avait été le mode d'élection. Au dire de Boulainvillers, on subsitua « à l’ordre accoutumé des séances, une espèce d’acclamation tumultueuse, où les voix des princes ni celles des particuliers ne furent point comptées. » Un historien des États Généraux résume la session en disant que «tout se passa comme le roi le souhaitait‘. » C'était à prévoir, et le rusé monarque Pavait prévu. Lui qui se plaisait à appeler le prévôt Tristan « son compère, » était parvenu à obtenir des Etats quelque chose de plus que ce qu'il attendait d’eux dans le présent. Sans même s'être mis en frais pour les solliciter à cet égard, il obtint leur abdication pour l’avenir, ainsi que l’atteste le procèsverbal .des séances, où on lit : « Dès maintenant pour lors, et dès «lors pour maintenant, iceux des États ont accordé et consenti, « accordent et consentent, que le roi, sans attendre autre assemblée «ne congrégation des États, pour ce que aisément ils ne se peuvent « pas assembler, y puisse faire tout ce que ordre de justice le porte ; « promettant et accordant tous iceux États de servir et aider le roi « touchant ces matières, ét en ce lui obéir de tout leur pouvoir et « puissance, et de vivre et mourir avec lui en cette querelle. » L’abdication, on le voit, est complète, et cette pièce est douloureuse, moins encore parce que, pour se dissoudre, les États Généraux invoquent ce lâche prétexte qu'ils ne se peuvent aisément assembler, que parce que nous trouvons ici la révélation d’une des plaies permanentes de notre nâture, d’un mal qui, en France, est devenu chronique : lastuce des grands ou l’astuce des partis, donnant tour à tour le change à l'opinion et triomphant de la simplicité populaire, au grand détriment de la liberté.

Passons au règne d'Henri IV. Il se fait alors de sérieuses réformes, financières et autres. Sully en est le principal auteur. Si on les doit en partie à l'influence des États Généraux, c’est seulement à ceux des règnes précédents. Les États de la Ligue ne sont point en effet de ceux qui, sous ce rapport, font grande figure dans notre histoire. Inhabiles à se tirer des intrigues qui s’agitent autour d'eux et des piéges qu’on leur tend, les députés d'alors, dont Mézeray a dit, trop sévèrement peut-être, que c’étaient « toutes sortes de gens ramassés, » voient décroître l'influence des représentants de la nation et poindre celle des parlements. A cette époque d’ailleurs, Henri [V n’a pas abjuré ; il n’est encore qu’un prétendant habile : c’est seulement plus tard que, comme roi, nous pouvons juger de ses sentiments pour les États Généraux. M. Rathery dit qu’il leur « garda rancune. » Ce que tout le monde sait, c'est que, devenu roi, Henri IV déclare

1 M. Rathery, Histoire des États Généraux.