Les fêtes et les chants de la révolution française

64% FÊTES ET CHANTS DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.

moindre. Mais l'enthousiasme ne se retrouva plus. C'est que, peu de semaines auparavant, le roi fuyant vers l'Allemagne, avait été arrêté, ramené de force par son peuple, était maintenant comme prisonnier dans son palais. L’on pouvait célébrer le mème office, proclamer le même serment, chanter les mêmes hymnes : une autre préoccupation régnait; la loge royale était vide, et l'Assemblée, occupée à cette heure même à discuter une situation si grave, n'assistait pas à la fête.

Et le dimanche 17, à la fin de cette semaine d’effervescence, au pied de ce mème autel de la Patrie, jusque sur ses marches, le sang du peuple de Paris allait être répandu! C'en était fait pour jamais du beau rêve fraternel.

NII

Cependant, une occasion favorable de pacification sembla se présenter bientôt. En septembre, l'Assemblée nationale termina la Constitution. Le roi acceptait que le pouvoir législatif fût désormais exercé par une assemblée librement élue; le principe de la royauté absolu était ruiné; une ère nouvelle allait s'ouvrir. « Le terme de la Révolution est arrivé : que la nation reprenne son heureux caractère. » Ainsi le déclarait Louis XVI, essayant de se faire illusion. En souverain préoccupé de faire ostensiblement le bonheur de son peuple, il commença par ordonner une grande fête, fit chanter le 22 septembre, à Notre-Dame, un Te Deum (auquel il n'assista point), illumina fastueusement les Tuileries, organisa des bals populaires, annonça qu'il donnait 50 000 francs aux pauvres, et se montra dans les endroits publics où il pensa devoir être bien accueilli. À l'Opéra et à l'Opéra-Comique, notamment, les représen-