Les fêtes et les chants de la révolution française

FÊTES FUNÈBRES. — TRIOMPHE DE VOLTAIRE. 65

tations de Gastor. et Pollux et de Richard Cœur de Lion donnèrent lieu à des manifestations sympathiques.

Mais, bien avant le roi, le peuple avait de lui-même montré sa joie, et célébré spontanément la fète. Le 15 septembre, l’Assemblée décréta des réjouissances « pour célébrer l'heureux achèvement de la Constitution »; le dimanche 18, une semaine avant le Te Deum royal, ce document fut proclamé à travers Paris, suivant un cérémonial rappelant encore les proclamations officielles de l’ancien régime, très solennel.

Ce fut Bailly lui-mème qui, entouré de toutes les autorités municipales, en fit la lecture à haute voixsurles places de la ville : devant l'Hôtel de Ville, au Carrousel, place Vendôme, enfin au Champ de Mars, du haut de l'autel de la patrie. Les autorités, au milieu desquelles était porté triomphalement le « Livre de la Loi », marchaient en cortège, accompagnées de la force armée, et précédées de trompettes, de timbales et d’une musique militaire.

Au Champ de Mars, tout le peuple était là, comme aux beaux jours de la Fédération.

Pour la première fois il n’y eut point de cérémonie religieuse; mais la présentation de la Constitution au peuple n’en fut ni moins imposante ni moins majestueuse. Bailly, monté au sommet de l’autel, éleva le Livre au-dessus de sa tête, et le montra aux assistants. « Dans ce moment auguste, on croyait voir Moïse recevant des mains du maître de l'univers les tables de la Loi, et les proposant aux Hébreux saisis de respect. » A cette vue, les acclamations retentirent et les canons tonnèrent. Puis, de même qu’au 14 juillet le serment de la Fédéralion avait été suivi du Te Deum, de même l'acceptation de l’acte constitutionnel fut célébrée par un hymne; et cette fois le vœu formulé lors de la pre-

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