Les fêtes et les chants de la révolution française

70 FÊTES ET CHANTS DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE. -

plus exactement encore, aux couplets que Mozart avait écrits, il y avait quelques mois à peine, pour Papageno dans la Flüte enchantée. Sur le thème vif et enjoué, les voix chantaient ces vers pleins de candeur :

L'innocence est de retour, Elle triomphe à son tour; Liberté, dans ce beau jour Viens remplir notre âme. Répands sur nous tes bienfails, elc.

Et, tandis que le char de la Liberté faisait le tour de l'autel de la Patrie, les chanteurs et la musique de la garde nationale, échelonnés sur les marches, exécutaient gaiement la chanson, dont le peuple redit bientôt les couplets; des danses se formaient sur le Champ de Mars: le Ça ira alternait avec la Ronde nationale; chaque voix célébrait l'innocence et la vertu représentées par les soldats révoltés; la lutte sanglante et fratricide s’achevait en une pastorale!

A cette fête sans-culoile les modérés voulurent opposer une autre fête. Ils prirent pour prétexte les honneurs funèbres à rendre au maire d’Étampes, Simoneau, mort dans une émeute, et célébrèrent, le 3 juin, la « Fête de la loi ». La célèbre Marche des morts y retentit, comme pour Voltaire et Mirabeau, alternant avec un nouveau chant funèbre. L'hymne final, le « Te Deum civique » fu, sous le titre de Chant de triomphe, un autre chœur de Gossec : « Salut et respect à la Loi», d'assez belle allure, sinon d’une grande invention, dans un style classique analogue à celui du chœur de Voltaire : « Peuple, éveilletoi »; il s'achève, sur le vers : « La sainte liberté va marcher avec toi », par un beau mouvement des voix qui se répondent d'une partie à l'autre, rappelant le procédé analogue du grand finale de la Création.

Un incident caractéristique se produisit à cette fète-