Les fêtes et les chants de la révolution française

72 FÊTES ET CHANTS DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.

mieux qu'au sein de sa famille? » Ils se mirent en rang, et attaquèrent : Ça ira! On voit que les fondateurs de notre Conservatoire étaient des purs!

Ils traversaient à ce moment une passe difficile. En janvier 1792, ils eurent à subir le contre-coup des mesures générales qui supprimaient la solde de la garde nationale. Mais les services rendus et les sentiments si ouvertement exprimés plaidaient pour eux : la Commune les prit définitivement sous sa protection, en instituant l’École de musique de la garde nationale, destinée principalement à fournir aux armées les effectifs nécessaires pour la formation des corps de musique; ils en furent, naturellement, les premiers professeurs.

Et voyez quelle est l’ingratitude humaine ! Après tant de gages donnés à la Révolution, il vint un jour où le civisme de Gossec parut suspect! Après le 10 août, les Révolutions de Paris, toujours en avance sur les idées du jour, lui reprochèrent de s’ètre fait inscrire à un club entaché de modérantisme, et émirent l'opinion que « son talent musical était plus sûr que ses principes ». D’autres n’eussent pas été trop mortifiés d'une critique ainsi formulée : mais Gossec se crut tenu de répliquer; il écrivit au journal qu'il ne connaissait pas ce club, et qu'il avait « toujours été guidé dans ses démarches par des intentions civiques ».

À quelque temps de là, un autre périodique lui fit la guerre à son tour : l’Almanach des spectacles, que son passé ne semblait pas devoir rendre si pointilleux en ces matières, lui fit le reproche d’être accapareur :

« Quelques artistes se plaignent que le citoyen Gossec ait le privilège exclusif de toutes les fêtes civiques... Cela blesse l'égalité et la liberté, c’est une aristocratie digne de l’ancien régime que d’étouffer le talent de ses frères. Le citoyen Gossec, homme libre, doit savoir que