Les fêtes et les chants de la révolution française

QUATRE-VINGT-DOUZE. #4

les succès obtenus imposent l'obligation de se prêter à ceux de ses semblables. »

L'imputation est-elle vraiment justifiée? Il serait malaisé de le dire exactement. Ilest bien vraique, dans les premières fêtes de la Révolution, Gossec ne laissa guère entendre d'autre musique que celle qu’il avait composée. De fait, nous l'avons dit déjà, il n’est qu’un seul musicien, Catel, dont, à l'époque où nous sommes parvenus, les œuvres aient été admises à figurer auprès des siennes. Le manuscrit (probablement autographe) d’une 2° Marche müilitaire de sa composition (à la Bibliothèque du Conservatoire) porte la signature que voici : Du Ciloyen Catel, ce 16 juillet 1791, l'an II° de la Liberté française; l’on ne saurait douter qu'elle soit entrée aussitôt au répertoire de la musique de la garde nationale dont l’auteur, sur le titre, dit expressément être membre. En outre, on attribue à la même année 1791 (d’autres disent 1792), nommément au 19 juin, anniversaire de l’abolition de la noblese en France, l'exécution de son Hymne à l'Égalité, sur des vers de Joseph Chénier, composition dont la simplicité enfantine — un peu plate — s'excuse si l’on songe qu’en 1791 Catel n'avait que dix-huit ans, et qu’en outre il avait à faire chanter les vers suivants :

Ce Franklin qui, par son génie, Vainquit la foudre et les tyrans

Aux champs de la Pensylvanie T’assura des honneurs plus grands, elc.

Mais en somme, faut-il blâmer Gossec d’avoir voulu se réserver tout d’abord le premier rôle; — c'est-à-dire le seul? Il avait à créer immédiatement une forme nouvelle; ce n’est pas d’une collectivité qu’on peut attendre ce résultat : il ne peut être obtenu que par l'effet de la volonté et la libre inspiration d’un seul. Aussi bien, le