Les fêtes et les chants de la révolution française

16 FÊTES ET CHANTS DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.

parisienne. Et, l’armée les escortant, divisés en deux colonnes, ils se mirent en marche.

Des trompettes marchaient en tête. Puis, après un détachement de cavalerie, la garde nationale défilait, précédée de ses tambours. Venait ensuite la chevauchée des officiers municipaux, précédée d’une batterie d'artillerie et d’un corps de musique, avec des trompettes : en arrière, un cavalier portait une énorme bannière tricolore sur laquelle étaientinscrits ces mots :

CITOYENS! LA PATRIE EST EN DANGER!

Une seconde batterie d'artillerie suivait, et le cortège était fermé par un nouveau détachement de garde nationale et de cavalerie.

« Appareil sévère et grave sans être lugubre ni décourageant. » Ainsi résuma son impression, un contemporain, vivement frappé par cette vue, comme tout le peuple.

Les deux cortèges prirent une direction opposée, et parcoururent les quartiers des deux rives de la Seine. Ils allèrent lentement, lourdement, par les rues étroites du vieux Paris, où les plus grandes voies de communication étaient alors la rue Saint-Martin, la rue de la Ferronnerie, la rue Saint-Jacques; ils parcoururent les antiques rues aux noms pittoresques : Pastourelle, de l’Oseille, du Pont-aux-Choux, le quai des Ormes, la rue des Aveugles, celle du Vieux-Colombier (la seule à qui l’on a laissé son ancienne dénomination). Les canons roulaient pesamment; le cliquetis des armes, les pas des chevaux sur les pavés donnaient à ces pacifiques quartiers une apparence lugubre de ville assiégée. De distance en distance, les huissiers clamaient : « La Patrie est en danger! » Le cortège s’arrêtait sur les places, au milieu des rues, sur les ponts, et les officiers municipaux lisaient au peuple la proclamation de l’Assemblée. Per-