Les fêtes et les chants de la révolution française

78 FÊTES ET CHANTS DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.

Par quelle vertu sont-ce ces couplets, plutôt que d’autres comme il s’en faisait alors à la douzaine, qui ont joui d’une popularité telle que, pendant un temps, la chanson fut mise sur le même plan que les plus authentiques chants nationaux? C'est ce que je ne saurais dire. C’est sans doute à l’accentuation du mot magique : « Liberté, liberté! » qui se trouve, bien par hasard, adapté heureusement à une musique faite pour une fin très différente, que ce succès fut dû. Toujours est-il que la vogue de « Veillons au salut de l'empire » a balancé celle du Ça ira et de la Garmagnole, et que cette chanson à pu, sans qu'on le trouvât déplacé, figurer aux côtés de la Marseillaise elle-même dans l’à-propos patriotique : Offrande à la Liberté, qui, sur la scène de l'Opéra, à toutes les époques de danger de la patrie, surexcita les courages avec une continuité d'émotion qu'on ne vit jamais se démentir.

Pourtant si l’on considère ses origines, on est amené à constater dans ses éléments un mélange dont l’imprévu est vraiment comique, L’air est tiré d’un opéra-comique de Dalayrac, Renaud d’Ast, représenté en 1787, dont le poème, dû à la collaboration de deux vaudevillistes notables, Radet et Barré, tient à la fois de la bouffonnerie et du genre romanesque troubadour. Le style de la musique est tout à fait d'accord avec cette poétique. On entend par exemple l'orchestre jouer, en manière de persiflage l’air Malbrough s'en va-t-en guerre et le refrain Va-Üen voir s'ils viennent Jean; « Il pleut bergère» est introduit pour signifier qu’il fait mauvais temps. Ces plaisanteries musicales donnent le ton général de l'œuvre.

Dans une scène importante pour l’action, le héros ou si l’on aime mieux, le ténor, — après avoir reçu la pluie sous les fenêtres de sa belle, chantait en s'’accom-