Les fêtes et les chants de la révolution française

QUATRE-VINGT-DOUZE. 79

pagnant sur la guitare, une sérénade dont l'air aimable et galant devint populaire. Les paroles étaient : Vous qui d’amoureuse aventure Courez et plaisirs et dangers, Si de chaleur ou de froidure. Parfois vous sentez affligés, Souffrez, endurez, espérez sans cesse; Toujours constants, au sort soyez soumis. D'amour au sein de la détresse Fidélité reçoit le prix.

Quelle dut être la stupéfaction de Dalayrac quand il entendit sa mélodie chantée par tout le peuple sur les paroles suivantes, c'est ce que la confrontation des textes permettra de deviner :

Veillons au salut de l'empire, Veillons au maintien de nos droits; Si le despotisme conspire, Conspirons la perte des rois. Liberté! Liberté! Que tout mortel te rende hommage ! Tyrans, tremblez! Vous allez expier vos forfaits.

Plutôt la mort que l'esclavage : C’est la devise des Français

Quand Gossec introduisit ce chant dans l’Offrande à la Liberlé, où, avant la Marseillaise, il est chanté par un soldat appelant ses frères à voler avec lui aux frontières, il en confia l'exécution à une rude voix de basse et remplaça les pizzicali des violons imitant la guitare par un accompagnement du plein orchestre qui martelle fortement le rythme; il prolongea d'une mesure la note tenue sur laquelle se prononce par deux fois la dernière syllabe du mot « Liberté », donnant ainsi une ampleur inattendue à la ligne mélodique, — et, ma foi, il faut avouer que ce fut une véritable métamorphose! J'ai fait plusieurs fois devant le public l'expérience qui consiste à faire chanter successivement : « Vous qui d’amoureuse aventure » et « Veillons au salut de l'empire », et je n'ai