Les fêtes et les chants de la révolution française

88 FÊTES ET CHANTS DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.

suit-il absolument que la Garmagnole soit de Florian? Sans compter qu'il ne me souvient guère que M. Jaurès ait conservé le trait fraternel du refrain : « Soyons unis, — mes amis », dont l'esprit ne s'accorde pas trop avec celui d’une chanson moderne : « C’est la lutte finale », qu'on aime aujourd’hui à faire alterner avec a Carmagnole et le son du canon! Celle qui contient ces derniers mots est la seule vraie Carmagnole,

IV

Revenons à 1792, et aux fêtes nationales qui terminent l'année. ‘

La cérémonie commémorative des morts du 10 août eut un grand caractère. Elle eut lieu le 27 août, au jardin des Tuileries, à neuf heures du soir, « Les chants sévères de Chénier;, la musique âpre et terrible de Gossec, la nuit qui venait et qui apportait son deuil, tout remplit les cœurs d'une ivresse de mort et de pressentiments sombres. » Ainsi Michelet résume l'aspect de cette soirée funèbre. Le cortège défila pendant trois heures, Des torches éclairaient d'une lueur blafarde cette masse humaine hérissée de piques. Une pyramide funéraire avait été élevée au-dessus du grand bassin : on y lisait cette simple inscription SILENCE, ILS REPOSENT !... Le char funèbre en fit le tour; pendant ce temps, la musique de la garde nationale jouait la Marche des morts, dont l’impression sur les assistants, au dire de plusieurs, fut profonde. Puis, du haut d’une tribune aux harangues dans la forme antique, sous la nuit noire, Marie-Joseph Chénier prononça une oraison funèbre écoutée dans le plus grand silence et suivie d’enthousiastes acclamations. Enfin, le président de l’Assemblée déposa des couronnes sur la