Les fêtes et les chants de la révolution française

96 FÊTES ET CHANTS DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.

les Sylphes de la Damnation de Faust en témoignent. Après cette poétique entrée en matière, les voix de femmes se font entendre; elles alternent avec les hommes, et forment entre elles un épisode d’un charme imposant, rappelant le beau style des disciples de Gluck, Sacchini ou Salieri, avec une grâce nouvelle, Une courte péroraison unit toutes les forces sonores, brillante conclusion d’une symphonie vocale d’un caractcre aussi noble qu'harmonieux.

Après cette exécution, la cérémonie symbolique commença. Le président de la Convention, Hérault de Séchelles, s’avança et emplit une coupe à la fontaine de la Régénération; et d’abord, marchant autour de la Statue, il fit une libation en répandant l’eau pure sur « le sol de la Liberté ». Puis il remplit de nouveau la coupe, et but. Après lui, les commissaires des quatrevingt-six Assemblées primaires des départements, représentant la France entière, s’avancèrent et burent tour à tour. L'arrivée de chacun était salée par les tambours et les trompettes ; il buvait au milieu du silence recueilli; puis le canon retentissait, annonçant la Régénération accomplie, l'acte de Fraternité consommé. Après cette communion, tous se donnèrent le baiser de paix. Il se peut que le rapprochement soit ridicule, mais je ne puis m'empêcher, en écrivant cela, de penser à Parsifal. Ici, la coupole du temple est remplacée par l'azur du ciel : « Le lieu de la scène sera simple, sa rithesse sera prise dans la Nature », avait dit David. Il est vrai que la musique n'était pas celle de Wagner : en certains endroits, cette partie de la cérémonie symbolique fut accompagnée simplement par l'air de Grétry : « Où peuton être mieux qu’au sein de sa famille? »

Et ce fut, toute la journée, un long concert. Gosset

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avait jeté à pleines mains les trésors inépuisables de