Les fêtes et les chants de la révolution française

QUATRE-VINGT-TREIZE. 97

son harmonie : il n’écrivit pas moins de cinq chœurs pour cette fète (tous sur les vers du même poète, Varon), et le premier, nous l’avons vu, est une composition développée, en trois parties, véritable symphonie vocale. Un autre hymne, où les voix d'hommes et de femmes alternent et s'unissent tour à tour, célébra ensuite l’égalité, la nature, la patrie, en un chant tout classique, dont le tour peut évoquer des souvenirs d'Haydn, de Mozart, mais ne fait songer aucunement aux tumultes de quatrevingt-treize. Le refrain : « Égalité chérie », est un thème charmant en son contour nettement tracé. Les six strophes de ce cantique furent encore chantées sur l’emplacement de la Bastille à la fin de la cérémonie matinale. Un troisième chœur : « Quel peuple immense !.… Entendez-vous ces clairons? — Queles festons de l’allégresse parent nos fronts », accompagna le départ du cortège.

Celui-ci parcourut les boulevards, et, sur la place de la Révolution, fit une station devant la statue de la Liberté. Il y trouva un orgue, transporté là d’un couvent ou d’une église. Un autre avait été placé au Champ de Mars; les organistes Méreaux père et fils, Séjean et Desprez en touchèrent. Le chœur chanta un quatrième hymne de Gossec : « Auguste et consolante image ». Enfin la procession (c'est le vrai nom qu'il faut donner) continua son long trajet jusqu’au « Champ de la Fédération ». Le président déposa sur l'autel de la Patrie l’arche contenant les tables de la Constitution, que les membres de la Convention avaient portée euxmêmes sur leurs épaules pendant toute la marche, et l’on chanta un dernier hymne, sur l’air de la Marseillaise, Gossec l'avait transcrit une fois de plus pour l’adapter aux besoins de l'exécution populaire, et ses paroles renouvelées, faisant allusion aux graves préoccupations

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