Les fêtes et les chants de la révolution française

98 FÊTES ET CHANTS DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.

du moment — celui des défaites, de l'invasion et de la levée en masse — affirmaient la volonté du peuple de se défendre jusqu'à la mort : Sans regrel on donne sa vie Lorsque l’on a sauvé l'honneur... Nous la devons à la patrie. Courage, citoyens! formez vos bataillons !.…

Enfin, sur un théâtre élevé en plein air, on représenta devant le peuple les épisodes héroïques du siège de Lille, — et c’est là une date dans l’histoire, à peine ébauchée encore, du théâtre populaire et vraiment national, car c'en fut la première tentative en France.

IT

Mais les manifestations de quatre-vingt-treize n’eurent pas toujours cette grandeur austère, commandée pour un jour. Le peuple, de par la nouvelle Constitution, a part à la souveraineté : il en profite souvent pour se mêler à ses représentants et les soumettre à l'influence de sa présence directe. Il à droit d'entrer dans l'enceinte de l’Assemblée, et bien qu'il s'efforce en général d'observer dans ce temple des lois une attitude digne de la gravité du lieu, il ne peut manquer d'y apporter l'écho de sa turbulence et de son exaltation. Pendant tout l'été de 1793, il n’y a presque pas de séance où les sections de Paris n’envoient leurs délégués à la barre de la Convention pour proclamer leur acceptation de l'acte constitutionnel. Ils entrent, généralement musique én tête, éten* dards déployés, traversent la salle en défilant au pied de la tribune avec des acclamations et de grands gestes. Leur orateur déclame un discours: il proteste, au nom de tous, de son attachement à la République; la musique joue des airs patriotiques, et parfois un citoyen chante