Les fêtes et les chants de la révolution française

100 FÊTES ET CHANTS DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.

qu'on a vu en son temps que, dans le tumulle du 14 juillet 1792, ce chant (si tant est qu'il y fut exécuté) ne fut sûrement écouté par personne.

Mais ce n’était pas toujours d’hymnes de Gossec ni d'artistes véritables que la Convention devait subir l’audition. Ces manifestations populaires étaient souvent prétextes à des exhibitions dans lesquelles la dignité de l'Assemblée se trouva plus d’une fois compromise. Le procès-verbal de ses séances finit par devenir un recueil de chansons, tant les députés mettaient de complaisance à y laisser insérer tout ce qui se débitait devant eux. La collection périodique des Muses sans-culottides a recueilli aussi plusieurs de ces chansons, dont elle fait suivre pompeusement les titres de la mention : « Chanté à la barre de la Convention le... »

Et ce n’était pas seulement par des chausons que le peuple tenait à faire valoir ses petits talents devant ses élus. L'on vit par exemple, un jour où la section Muscius Scævola était venue demander l’organisation de l'Instruction publique, un enfant, amené par elle, réciter à ces hommes devant qui tremblait l'Europe le chapitre de l'histoire romaine racontant l’héroïsme de Muscius Scævola, son patron. 1

Danton finit par élever la voix pour s'opposer à la continuation de ces enfantillages. Il en trouva une première occasion en nivôse. Je transcris fidèlement, d’après le Moniteur, l'extrait du compte rendu de la séance du 26 (n° du 27 nivôse an I) qui relate son intervention.

Une députation de jeunes élèves de la patrie est introduite at sein de la Convention. Un de ces jeunes gens chante une chanson patriotique de sa composition.LaLor demande l'insertion au Bulletin.

Danrox. — Le Bulletin de la Convention n’est point du tout destiné à porter des vers dans la république, mais de bonnes lois rédigées en bonne prose. (Il conclut en demandant le renvoi au Comité d'instruction publique.)