Les fêtes et les chants de la révolution française

QUATRE-VINGT-TREIZE. 401

gr. — Rien n'est plus propre que des hymnes et des chansons patriotiques à électriser les âmes républicaines. J'ai été témoin de l'effet prodigieux qu'elles produisent, lors de ma mission dans les départements. Nous Lerminions toujours les séances des corps constitués et des sociétés populaires en chanjant des hymnes, et l'enthousiasme des membres et des spectateurs en était la suite immançuable. J'appuie limpression de jhymne au Bulletin. 2 Danton. — Il ne faut pas invoquer des principes que nous reconnaissons {ous pour en tirer des conséquences fausses. Sans doute les hymnes patriotiques sont propres à enflammer, à électriser l'énergie républicaine; mais qui de vous est en état de prononcer sur la chanson qu’on à chantée à la barre? En avezvous bien entendu le sens et les mots? Pouvez-vous m'en instruire ? car moi je n’ai pu en juger. Pourquoi donc empêcher la Convention de se mettre en mesure de prononcer avec connaissance de cause? Le vrai moyen est le renvoi au Comité d’instruction publique. Qui plus que moi sent la nécessité d’encourager les arts et les jeunes talents? Nous n’avons point fondé une république de Visigoths; après l'avoir solidement construite, il faudra bien s'occuper de la décorer; mais, dans les petites - choses comme dans les grandes, la Convention ne doit jamais : prendre de détermination indiscrète et inconsidérée. J’insiste pour le renvoi. Le renvoi est décrété.

DuBoucH

Deux mois après, autre incident (séance du 26 ventôse, n° du 27).

La section du Mont-Blanc étant introduite, on lit une pétition, et l'orateur chante quelques couplets d’une chanson patriotique dont il est l’auteur.

Danton l'interrompt. Danron. — La salle et la barre de la Convention sont destinées

à recevoir l'émission solennelle et sérieuse du vœu des citoyens; nul ne peut se permettre de les changer en tréteaux. Je porte dans mon caractère une bonne portion de la gailé française, et je la conserverai, je l'espère !. Je pense, par exemple, que nous devons donner le bal à nos ennemis, mais qu'ici nous devons froidement, avec calme et dignilé, nous entretenir des grands intérêts de la patrie, les discuter, sonner la charge contre tous les tyrans, indiquer et frapper les traitres, et battre la générale contre les imposteurs. Je rends justice au civisme des péafonrée!

1. Danton avait encore vingt jours à vivre lorsqu'il cet espoir.