Les fêtes et les chants de la révolution française

QUATRE-VINGT-TREIZE. : 103

d'autre, et que ce sera désormais la religion nationale ». Et le jour même, le Département et la Commune arrètèrent que « pour célébrer le triomphe que la Raison a remporté dans cette séance sur les préjugés de dix-huit siècles » les musiciens de l'Opéra et ceux de la garde nationale seraient invités à venir, le décadi suivant 29 brumaire, chanter des hymnes à la Liberté « devant l'image de cette divinité des Français, dans l'édifice cidevant dit l'Église métropolitaine ».

C'était prendre tout le monde à limproviste : il ne restait pas même trois jours pour préparer et célébrerla cérémonie !

Or, ilse trouvait que, par un arrêté antérieur du Département, ce même décadi 20 brumaire devait être consacré à une fête civique en l'honneur de la Liberté, au Palais-Royal. La musique de la garde nationale était conviée : elle y devait donner la première audition d’un Hymne à la Liberté de Chénier mis en musique par Gossec. L'arrêté du 17 ayant spécifié que « ces citoyens, qui devaient se réunir au Lycée des Arts pour y exécuter les plus rares morceaux de musique, seraient invités à changer leur destination et à se réunir dans le lieu désigné pour la fête patriotique », ceux-ci ne purent faire autrement que de donner à Notre-Dame l'audition qu'ils avaient préparée pour un autre local ; ils maintinrent donc au programme le nouvel Hymne à la Liberté. Ainsi, l'hymne qui fut chanté à la fête du 20 brumaire n'avait pas été composé en vue de cette cérémonie, et ne fut pas un « Hymne à la Raison ». Bien plus : NotreDame n’en a pas même eu les prémisses, car une exéeution publique en fut donnée, nous allons le voir, deux jours auparavant. :

Le 18 brumaire, en effet, tandis que l'administration des embellissements publics travaillait en grande hâte