Les fêtes et les chants de la révolution française

10% FÊTES ET CHANTS DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.

à décorer la cathédrale, les musiciens de la garde nationale, conduits par une députation de la Commune, comparurent à la barre. C'était, nous l'avons vu,! la coutume parlementaire en ce temps-là : les pétitionnaires devaient venir, en personne, présenter leurs requêtes à l'Assemblée. Ils entrèrent; et d’abord ils jouèrent « avec beaucoup d'ensemble et de talent une marche guerrière qui excita le plus vif enthousiasme ». Présenté par un des délégués de la Commune (l'officier municipal Baudrais), l’orateur des musiciens (Sarrette, évidemment) prit la parole : il offrit à la patrie un Corps de jeunes musiciens nouvellement formé par ses artistes, et demanda à la Convention l'établissement d'un Institut national de musique. Il fut applaudi par l'Assemblée, et le président le félicita sur le succès de ses travaux. Puis M.-J. Chénier monta à la tribune, prononça un éloge de la musique, et convertit en motion la demande des pétitionnaires. La Convention s’associa sur-le-champ à ses conclusions, et décréta :

ARTICLE PREMIER. — Il sera formé dans la commune de Paris un Institut national de musique.

ART. II. — Le Comité d’Instruction publique présentera à la Convention un projet de décret sur l’organisation de cet établissement. C'est dans cette séance que Sarrette, pour montrer que le civisme de ses musiciens était égal à leurs talents, raconta à la Convention les anecdotes que nous avons rapportées en les remettant à leur date 1: puis il ajouta :

« Nous allons vous exécuter l'hymne composé par Chénier et mis en musique par le Tyrtée de la Révolution, le citoyen Gossec, qui nous accompagne. » Ce

1. Voir ci-dessus, pp. 71-72.