Les fêtes et les chants de la révolution française

di

gauche de la montagne des femmes vètues de blanc. Elles se croisèrent devant l'autel antique et saluèrent Je flambeau de la Raison, puis remontèrent et vinrent se ranger dans le haut de la montagne.

Ce mouvement terminé, parut l’actrice qui représentait la Liberté — non la Raison, comme le veut la légende : la représentation matérielle de la Raison était le flambeau brûlant sur l’autel. Cette personne, — sur l'identité de laquelle on n’est pas absolument d'accord, tant les récits sont contradictoires (peut-être la danseuse Aubry, dont la dernière création à l'Opéra avait été Junon dans le Jugement de Pris de Méhul, ou Mile Maillard, la belle interprète de Gluck!t), était vêtue d’une robe blanche, d’un manteau bleu et d’un bonnet rouge; elle tenait une pique à la main. Elle aussi s'inclina lentement devant le flambeau, et vint s'asseoir sur un siège de verdure. Pendant ce temps, les chœurs chantèrent l’Hymne à la Liberté, de Chénier et Gossec, dont voici la première strophe :

QUATRE-VINGT-TREIZE. 10°

Descends, à Liberté, fille de la Nature :

Le peuple a reconquis son pouvoir immortel :

Sur les pompeux débris de l’antique imposture, ses mains relèvent ton autel.

Ce chant terminé, la Liberté se leva et rentra dans le temple; de nouveaux hymnes de joie furent chantés, des discours prononcés ; et ce fut tout.

La Convention ayant trouvé un prétexte pour ne pas assister à la cérémonie, les autorités de la Commune

!. L'abbé Gregoire, dans son Histoire des Sectes, donne à cet égard des renseignements indécis : témoin oculaire-de la fête du 20 brumaire, il hésite à dire si la Liberté fut personnifiée par Mlle Maillard, ou Mile Aubry, ou mème par Mlle Candeille ou Mme Momoro, En ce qui concerne celte cérémonie, ces deux dernières dames doivent être éliminées, — authentiques déesses Raison, mais à des dates postérieures.