Les fêtes et les chants de la révolution française

108 FÊTES ET CHANTS DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.

allèrent, en sortant, lui en rendre compte : il y eut, suivant l'usage musique militaire, hymnes patriotiques chantés à la barre : « Un nombre prodigieux de musiciens font retentir les voûtes des airs chéris de la Révolution », dit le procès-verbal. La déesse de la Liberté et sa suite entrèrent dans la salle des séances, et PAssemblée, sur un vœu émis par Chaumette, décréta que Notre-Dame serait désormais le temple de la Raison. Sur les instances de quelques montagnards, la Convention décida qu'elle s'y rendrait sur-le-champ : tout le monde repartit donc, et la cérémonie du matin fut recommencée, sans incidents notables.

Telle fut la journée parisienne du 20 brumaire an Il. Il en fut beaucoup parlé par la suite, plus que d’autres manifestations révolutionnaires qui eurent pourtant plus d'importance. C’est elle qui jeta la plus grande part de déconsidération sur le régime républicain. On ne saurait méconnaître qu'elle ait donné lieu aux fautes de goût les plus graves. Je n'ai pas à parler dans ce livre du défi insolent jeté aux croyances qui restaient celles d’une grande partie du peuple par la profanation du temple qui avait abrité six siècles de foi. Mais, au point de vue de l’art, le résultat ne fut pas meilleur. Cette montagne en toile peinte, ce décor de théâtre au milieu de Notre-Dame de Paris, ce temple grec sous la nef gothique, et ces femmes d'opéra y marchant comme sur les planches, tout cela est d’une impression désagréable. (avait été déjà une erreur de la Révolution de trop emprunter au théâtre pour ses cérémonies patriotiques; mais transporter le théâtre à l'église, c'était mettre le comble. Les fêtes républicaines n'étaient pas faites pour le cadre des cathédrales : c’est le plein air qu’il leur fallait. Ce jour fut le premier où le peuple ne prit aucune part directe à une fète nationale : il resta