Les fêtes et les chants de la révolution française

110 FÊTES ET CHANTS DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.

nouveaux fidèles, satisfaction au vœu exprimé par son mari.

Ce n'est d’ailleurs pas à Paris que le mouvement eut le caractère le plus sérieux. « Nullement matérialiste, mais généralement déiste, il y fut, dit M. Aulard, joyeux et superficiel tant que le peuple s’en méla, pédant et stérile quand il ne fut plus entretenu que par quelques lettrés. » En province au contraire il y eut de graves et sincères tentatives pour abdiquer la religion ancienne et établir la nouvelle. « Les déesses de la Raison y furent presque partout, — et les témoins les plus hostiles ne le nient pas — de belles et vertueuses jeunes filles, appartenant à l'élite de la bourgeoisie. »

« Il ÿeut, dit M. Gabriel Monod, beaucoup de candeur parfois dans les fêtes de la Raison. Michelet rappelle que souvent les jeunes filles des meilleures familles Y représentaient la Raison ou la Liberté. Flaubert aimait à raconter qu'une de ses parentes avait figuré la Liberté dans je ne sais plus quelle ville normande. Elle portail un bonnet phrygien avec une banderole sur laquelle était écrit : « Ne me tournez pas en licence ».

M. J. Guillaume cite des noms qui confirment la véracité de ces témoignages : la déesse de la commune d’Avize (Marne), celle de Besançon, qu'on vit reparaître à la fête de l’Être suprême, la jeune et belle MarieThérèse Valentin, de Bruyères, dont les quatre frères étaient officiers dans les armées de la République, toutes

. personnes irréprochables.

Le plus récent historien des cultes révolutionnaires, M. A. Mathiez, résume fidèlement les faits lorsqu'il parle de « la gravité sévère ct moralisante des cérémonies, du sérieux des assistants », constatant que « la mascarade, les scènes burlesques et gauloises ne se trouvent qu'à l’état d’exceptions très rares, dans