Les fêtes et les chants de la révolution française

fil

QUATRE-VINGT-TREIZE. 113

Stratonice, la Gaverne étaient leurs victoires à tous deux. C'était, pour l’école, se faire honneur que d’attirer à soi de tels maîtres.

1] advint de cette coïncidence que les débuts de Méhul dans l’art de la musique nationale se firent par un Hymne à la Raison : un très authentique Hymne à la Raison, non un simple Hymne à la Liberté comme celui de Gossec au 20 brumaire. Chénier en avait composé les vers tout exprès pour les fêtes qui s’inauguraient. Un quatrain répété à la fin de chaque strophe formulait J'invocation suivante :

O Raison. puissante immortelle, Pour les humains tu fis la loi. Avant d'être égaux devant elle, Ils étaient égaux devant toi.

J’audition en eut lieu à Saint-Roch, le 10 frimaire, dans une cérémonie présidée par l'acteur Monvel, qui y prêcha. L

La musique de Méhul est écrite pour trois voix d'hommes, chantant seules jusqu’à la reprise en chœur du refrain, où l’orchestre vient doubler les parties. Elle a un caractère grave, et tend visiblement à exprimer l’austérité républicaine. Oserai-je dire qu'elle est un peu morose? C'est le cas de presque tous ces chants à la Raison, ceux du moins qui sont conçus dans un esprit sérieux. Pour écrire son chef-d'œuvre de musique nationale, Méhul avait besoin de puiser à une autre source d'inspiration. Le Chant du Départ la lui fournira bientôt.

Trop sévère, cette musique n'était pas destinée à pénétrer dans les masses; mais la poésie de Chénier, d'allure plus populaire avec ses petis vers de huit syllabes, fut adoptée plus facilement. On la trouve dans plusieurs recueils de chants révolutionnaires. Elle est

S