Les fêtes et les chants de la révolution française

116 FÊTES ET CHANTS DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.

Muses », et, tout en le félicitant, lui conseillèrent avec bienveillance de « s'éclairer au flambeau des grands principes ». Personne ne le connaissait encore; il s’appelait François-Adrien Boieldieu.

Or, il faut croire que l'émotion des premiers débuts ne suffit pas à détourner le jeune musicien des graves préoccupations de l’époque : toujours est-il que l’on a retrouvé, et cela ni plus ni moins que dans les Bullelins de la Convention nationale, une poésie patriotique portant ce titre : Chant populaire de la fête de la Raison, par J. B. Noël, mis en musique par BoyEeLnieu rizs. Nous n’en savons pas plus long : la musique est perdue, et nous ignorerons toujours comment l’auteur de la Dame blanche, aux beaux jours de la jeunesse, chanta : « La Raison parle et nous éclaire; — le Fanatisme est abattu. » Nous devons du moins noter au passage cette influence des idées les plus avancées de quatre-vingttreize sur l'esprit même de jeunes artistes que l'avenir devait montrer si peu révolutionnaires!

La mauvaise réputation dont furent frappées les fêtes de la Raison à peine commencées fut cause dela perte de plusieurs de ces œuvres. Bientôt personne ne voulut plus avoir joué un rôle dans ces manifestations si décriées : l’on craignit d'être compromis s’il en restait des traces matérielles; la plupart des auteurs détruisirent leurs manuscrits. Alors que tant de compositions nationales de Gossec sont venues jusqu'à nous, son hymne du 20 brumaire, presque seul dans son œuvre, nous manque. Quant à Méhul, il est vrai que sa musique sur les vers de Chénier fut publiée; mais, outre que le nom du poète fut omis sur la partition (parue en prairial suivant dans la 3% livraison de la Musique à l'usage des féêles nalionales), le titre aussi fut modifié

.l’Hymne à la Raison devint un moins compromettant