Les fêtes et les chants de la révolution française

QUATRE-VINGT-TREIZE. 417

Hymne patriotique; des vers furent changés; enfin une strophe nouvelle fut ajoutée à la conclusion, disant, en prairial, tout le contraire de ce qu'il avait fallu entendre en frimaire :

Sous ton nom, de l’Être suprème

On osa renverser l’autel.

Le crime seul prêche un système

Couvert d’un opprobre éternel.

Ta voix annonce la puissance

D'un Dieu maître de l'Univers,

Le protecteur de l'innocence Et l’effroi des hommes pervers.

Ainsi l'Hymne à la Raison de Chénier et Méhul devenait Hymne à l'Étre suprême! C'est qu'à l'époque où la musique parut, la Raison était fort compromise, et l'Être suprême à l’ordre du jour. Nous verrons bientôt quel parti la musique sut tirer de cette nouvelle évolution de la pensée religieuse chez les hommes de la Révolution.

IV

Passons rapidement sur les autres fêtes de 1793 qui présentent quelque intérêt au point de vue musical. L'œuvre. la plus importante qui ait été produite dans cet ordre d'idées vit le jour à Strasbourg, pour l’anniversaire du 10 août, et eut pour auteur un musicien que nous avons déjà vu, dans la mème ville, collaborer avec Rouget de Lisle pour une fête nationale, Ignace Pleyel. Gardons-nous de nous arrêter sur l'appareil anecdotique qui accompagne les relations de cette audition : qu'il me suffise de dire que, voulant faire entendre aux Alsaciens quelque chose de très extraordinaire, le musicien viennois, qui, depuis plusieurs années, vivait au milieu d'eux, ne craignit pas de réquisitionner pour son orchestre des cloches déjà portées à