Les fêtes et les chants de la révolution française

118 FÊTES ET CHANTS DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.

la fonderie pour être converties en canons. Il en choisit sept — toute la gamme! — et, disposant d'autre part d'un orchestre et d’un chœur nombreux (il était venu des exécutants de toute l'Alsace), de tambours, de trompettes, de fifres, de canons, il se mit en devoir d'écrire pour tout ce monde la partition (conservée à la Bibliothèque du Conservatoire de Paris) de la Révolution du 10 Août ou le Tocsin allégorique. L’audition eut lieu à la Cathédrale. Les sept clochés avaient été suspendues sous la coupole de l’abside. Quand elles se mirent à sonner toutes ensemble, Pleyel s'évanouit d'émotion. La Révolution du 10 Août est donc une composition descriptive, une de ces Batailles en musique, à la mode à la fin du xvmr siècle, et dont les événements développeront bientôt le goût, — forme incontestablement inférieure de l'art. La première partie est purement orchestrale. Une introduction, construite sur des formules ultra-classiques, peint le réveil du peuple et les préparatifs tumultueux de l’action, Bientôt une cloche sonne, suivie d’une seconde, puis d’une troisième, et bientôt toutes les sept sont en branle, se combinant et se répondant en des accords. La bataille s'engage. Trompettes, fifres, tambours: violons montant en gammes rapides; grondement des basses, roulement des timbales…. Le parti royaliste est figuré dans l'orchestre par les motifs : O Richard, 6 mon Roi et Où peut-on étre mieux qu'au sein de sa famille? Le parti populaire est représenté par des refrains militaires et par la sonnerie de la charge. Les cloches sonnent de nouveau, le canon tonne, — lapage épouvantable et assourdissant : mais le combat est fini, et, pour la première fois, les voix se font entendre. Elles entrent en chantant le chœur : la Vicloire est à nous, de la Caravane du Caire. Remarquons en passant que Pleyel s’est peu mis en