Les fêtes et les chants de la révolution française

QUATRE-VINGT-TREIZE. 119

fraus d'invention mélodique, puisque voilà déjà trois thèmes que nous lui voyons emprunter à Grétry. Puis cest le Ça ira, qu'on était étonné de n'avoir point entendu encore : exposé par l'orchestre, il sert de thème à un grand finale avec soli et chœur, où le musicien s’est enfin souvenu qu'il est un artiste. Ce morceau est construit à peu près dans les proportions du grand finale de la Création; la dernière partie, largement développée, en est fort belle.

La fête laissa de longs souvenirs parmi les habitants de Strasbourg, et l'œuvre de Pleyel fut exécutée plusieurs fois dans les années qui suivirent : en 1798, dans la salle de concert du Miroir; en 1799, pour ae tion de la salle de concert de la Réunion des arts. La dernière audition eut lieu le 28 octobre de cette année; après quoi les cloches furent rendues aux églises auxquelles elles avaient été prises en quatre-vingt-treize, sauf celle en mi bémol, qui fut conservée à Strasbourg dans les Archives de la ville.

V

A quelque temps de là eut lieu à Paris une cérémonie funèbre qu'il faut mentionner parmi tant d’autres dont nous avons été déjà témoins. Célébrée le 6 brumaire an II, celle-ci avait pour objet l'inauguration des bustes de deux < martyrs de la fureur despotique » : l’un était le représentant Le Pelletier de Saint-Fargeau, tué par un ancien garde du roi pour avoir voté sa mort; l’autre, Marat.

La cérémonie fut très théâtrale; et précisément le document qui nous fournit le plus de renseignements est un annuaire de théâtre, les Spectacles de Paris. Il y eut un grand défilé sur les boulevards, avec arrêt devant